- sirène
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• 1377; sierine h. 1180; bas lat. sirena, lat. siren, gr. seirên1 ♦ Animal fabuleux, à tête et torse de femme, avec un corps d'oiseau ou une queue de poisson, qui passait pour attirer, par la douceur de son chant, les navigateurs sur les écueils. Ulysse et les sirènes. Loc. Écouter le chant des sirènes : se laisser charmer, séduire. Par métaph. Voix de sirène, enchanteresse.♢ Fig. et vieilli Femme douée d'un dangereux pouvoir de séduction. « Vous me jugez donc très dangereuse ? Une sirène, n'est-ce pas ? » (Jaloux).♢ Pathol. Monstre à membres inférieurs soudés et incurvés rappelant une queue de poisson.2 ♦ Zool. Amphibien, de forme allongée et serpentine, ne possédant que des pattes antérieures.3 ♦ (1819 « appareil qui émet des sons dans l'eau ») Phys. Instrument acoustique produisant des sons pulsés et qui fonctionne par un jet continu de fluide passant à travers un disque rotatif percé de trous. — (1888) Cour. Puissant appareil sonore destiné à produire un signal. « La sirène de la jetée hurla, rugissement sauvage et formidable » (Maupassant). Sirène d'alerte, d'alarme, signalant un danger (bombardement, incendie, effraction, etc.). « le hululement de la sirène d'alarme déclenchée par les palpeurs sismiques » (Tournier). Sirène d'usine, annonçant la reprise et la cessation du travail. La sirène d'une ambulance, d'une voiture de pompiers.Sirène(la Petite). V. Petite Sirène (la).————————Sirènen. f.rI./rd1./d MYTH être mythique ayant un buste de femme et un corps de poisson ou d'oiseau, dont le chant mélodieux attirait les navigateurs sur les écueils.d2./d Fig., litt. Femme très séduisante, au charme dangereux.rII./r Appareil de signalisation sonore.⇒SIRÈNE, subst. fém.I. A. — MYTHOLOGIE1. Être fabuleux, dont le haut du corps est celui d'une femme et le bas à partir de la taille est celui d'un poisson, qui selon les légendes attirait les marins par son chant mélodieux, les retenait prisonniers ou les faisait périr sur les écueils. Une combinaison de la femme et du poisson est une sirène, et la forme d'une sirène se fait aisément accepter. Mais une vivante sirène est-elle possible? (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 231):• — Mais leur voix, leur voix, dites nous, leur voix comment était-elle? (Et chacun souhaitait les avoir entendues). — Elle était, dit Morgain, comme une vallée d'ombre et comme l'eau fraîche aux malades. Puis chacun parla de la nature des sirènes et de leurs ensorcellements; Morgain se tut et je compris qu'il regrettait les sirènes.GIDE, Voy. Urien, 1893, p. 23.— En appos. Quand elles éprouvèrent la frénésie du désir, les femmes sirènes ne furent que des animaux, les mâles des brutes rugissantes (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 128).— En partic. Représentation sculptée ou peinte de cet être fabuleux en particulier dans la décoration des fontaines et comme sujet symbolique en héraldique ou en occultisme. Cette gracieuse fontaine dont mon grand-père l'architecte avoit orné la ville, et qu'enrichit une sirène de bronze qui a souvent, au gré de mon imagination charmée, confondu des chants poétiques avec le murmure de ses eaux (NODIER, Jean-François, 1832, p. 10). La sirène, monstre fabuleux et symbole hermétique, sert à caractériser l'union du soufre naissant, qui est notre poisson, et du mercure commun, appelé vierge (FULCANELLI, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 205).2. [Dans l'Odyssée d'Homère] Être fabuleux mi-femme, mi-oiseau appartenant aux divinités de la Mort, auquel Ulysse et ses compagnons résistèrent en se bouchant les oreilles avec de la cire. Homère et les écrivains classiques ne nous disent rien de l'aspect des Sirènes. Ce sont leurs commentateurs qui nous apprennent qu'elles ont un corps d'oiseau et une tête de femme (LAVEDAN 1964).B. — P. anal.1. Vieilli. Personne qui par un discours habile, charme, séduit ou endoctrine quelqu'un. Trois femmes de la reine y avaient apporté un magasin de rubans: elles en décorèrent les chapeaux des satellites du roi, et d'autres hommes assez faibles pour se laisser aller aux discours de ces sirènes perfides (MARAT, Pam-phlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 107). Pendant une heure encore, l'habile sirène acheva d'endoctriner Fernand à demi fou; elle sut lui faire comprendre et accepter par avance un rôle honteux (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 341).— P. méton. Sirène de + subst. Appel, attrait irrésistible de quelque chose. Le citoyen, pendu à l'arbre par les poignets, la figure convulsée de douleur, découvre maintenant qu'il a été la dupe du marché, qu'il a travaillé à sa perte, qu'il a eu tort d'écouter les sirènes de la vertu (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 54). Dans les deux domaines qui lui étaient impartis, l'esthétique comme l'histoire, l'art abdiquait donc sa réalité constitutive, irréductible à toute autre, pour se laisser glisser vers l'appel des sirènes de la science (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 421).2. Femme ayant un très grand pouvoir de séduction. Charles, que sa cousine regardoit fixement, n'osoit se hasarder à contempler cette sirène charmante: il rougissoit comme un enfant (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 79). Je ramenais les maris dévergondés, captifs des sirènes extra-conjugales, à leurs épouses désespérées (ARNOUX, Paris, 1939, p. 294).C. — ZOOL. Genre de Reptile batracien de la famille des Sirénidés au corps serpentiforme possédant deux membres antérieurs, qui respire à la fois par des poumons et des branchies. Les batraciens, qui subissent des métamorphoses, sont pourvus de branchies dans leur premier état seulement. Mais la sirène et les protées conservent peut-être, pendant toute leur vie, des poumons et des branchies (CUVIER, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 348). Les batraciens perennibranches (les protées, les sirènes) possèdent simultanément les deux modes de respiration pulmonaire et branchial (HAMELIN, Élém. princ. représ., 1907, p. 218).— Rare. [N. donné quelquefois au lamantin] On a douté de la sirène antique: peu de gens savent qu'il en existe trois, conservées sous verre, au musée royal de la Haye, sous le N o 449, et pêchées par les Hollandais dans les mers de Java (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p. 287).II. A. — PHYS. Appareil servant à évaluer la hauteur d'un son en déterminant le nombre de vibrations correspondant à un son donné. La sirène inventée par le physicien Cagnard-Latour, est un appareil au moyen duquel on détermine le nombre des vibrations correspondant à chaque son (ROUGNON 1935, p. 238). Avec une sirène photoélectrique, il [Schouten] a constaté que l'annulation interférentielle du fondamental laisse persister une masse sonore (PIÉRON, Sensation, 1945, p. 187).B. — TECHNOL. Appareil servant à produire un signal sonore très puissant le plus souvent au moyen d'air comprimé, de vapeur ou par l'électricité, utilisé comme moyen d'appel ou d'alerte. Hurlement, beuglement, mugissement d'une sirène; actionner, déclancher la sirène; sirène d'alarme; sirène d'usine, de paquebot; coup de sirène. Lorsque les bruits de sirène annonçaient la reprise du travail, le débit se vidait en quelques instants (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 130). Souvent la nuit, les sirènes hululaient; dehors, les réverbères et les fenêtres s'éteignaient; on entendait des pas hâtifs et la voix irritée du chef d'îlot, M. Dardelle, qui criait: « Lumière » (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 64).— P. méton. Bruit produit par une sirène. La sirène annonciatrice des bombes ne troublait pas plus les habitués de Jupien que n'eût fait un iceberg (PROUST, Temps retr., 1922, p. 834). Puis, brusquement, comme le cri d'une bête à l'agonie, la sirène déchirait le silence. La peur que les visages reflétaient! Ils comptaient aux battements de leur cœur les secondes que durait l'appel du navire (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 145).REM. Siréner, verbe intrans. Faire retentir une sirène, produire un signal avec une sirène. Ça se passait à la Pourneuve de l'autre côté de la Garenne. On s'y mettait tous les deux. Juste comme je l'avais prévu un remorqueur a siréné. C'était le moment qu'on se sauve (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 29).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1694-1740 au plur. Infra sy-. Étymol. et Hist. I. A. 1. Fin XIe s. sereine (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 130); 1121-34 serena (var. sereine) « être fabuleux de la mythologie grecque » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 1361 ds T.-L.); 1377 syrene (ORESME, Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 126d, 5-6); 1461-62 a voix de seraine (VILLON, Ballade des dames du temps jadis, éd. Rychner et Henry, Testament, p. 346); 1604 « femme douée d'un dangereux pouvoir de séduction » (MONTCHRESTIEN, Les Lacenes, éd. Petit de Julleville, p. 163); 2. 1852 hérald. (GRANDM.). B. 1. 1819 syrène « appareil destiné à produire un son de hauteur variable et permettant de mesurer cette hauteur » (Rapport du Jury central sur les produits de l'industr. fr., chap. XXIV, p. 231); 2. 1888 « puissant appareil sonore destiné à produire un signal utilisé d'abord sur les navires dans les ports » (MAUPASS., Pierre et Jean, p. 107). II. 1671 « sorte de mammifère marin » (BOUHOURS, Entretiens d'Ar. et d'Eug., 1 ds LITTRÉ); 1805 « reptile batracien de la famille des Sirénidés » (CUVIER, loc. cit.). I empr. au b. lat. sirena, lat. siren « être fabuleux de la mythologie grecque », fig. « qui chante agréablement », gr.
« génies mi-oiseaux, mi-femmes qui dans l'Odyssée attirent par leurs chants les navigateurs et causent leur perte », fig. « femme habile à séduire ». II mot lat. zool. siren (LINNÉ Syst. Nat.). Fréq. abs. littér.:549. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 453, b) 365; XXe s.: a) 1 109, b) 1 084.
DÉR. 1. Sirénidés, subst. masc. plur., zool. Famille d'Amphibiens au corps serpentiforme dépourvu de membres inférieurs dont le type est la sirène. Les Sirènes vivent en Amérique du Nord; ils y sont représentés par l'unique famille des Sirénidés avec deux genres: Siren qui possède quatre doigts et trois paires de branchies et Pseudobranchus à trois doigts et une seule paire de branchies (Zool., t. 4, 1974, p. 7 [Encyclop. de la Pléiade]). — []. — 1re attest. 1842 (Ac. Compl., s.v. sirénide); de sirène, suff. -idés. 2. Siréniens, subst. masc. plur., zool. Ordre de Mammifères marins au corps pisciforme possédant une tête reliée par un cou à un tronc muni de deux membres antérieurs terminés par cinq doigts réunis en nageoire, dont le dragon et le lamantin sont le type. À côté des formes taillées pour la course, voici les formes arboricoles, et même volantes; les formes nageuses; les formes fouisseuses. Les unes (Cétacés et Siréniens) apparemment dérivées, avec une vitesse surprenante, des Carnassiers et des Herbivores (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 134). — [
]. — 1res attest. a) 1598 sireinien (chant) « qui charme comme une sirène » (GUY DE TOURS, Souspirs, I, 16 ds HUG.), b) 1811 zool. (d'apr. ROB. 1964); de sirène, suff. -iens.
1. sirène [siʀɛn] n. f.ÉTYM. 1377; sierine, attestation isolée, sereine, fin XIe; sereine, par croisement avec l'adj. serein, fin XIe; bas lat. sirena, du lat. class. siren, grec seirên.❖———1 Animal fabuleux, à tête et à torse de femme et à queue de poisson, qui passait pour attirer, par la douceur de son chant, les navigateurs sur les écueils (→ Inconciliable, cit. 3). || Ulysse et les sirènes (l'Odyssée, XII). || Chants des sirènes. ☑ Écouter le chant des sirènes : se laisser charmer, séduire.1 Montrant son sein, cachant sa queue,La sirène amoureusementFait ondoyer sa blancheur bleueSous l'émail vert du flot dormant.Th. Gautier, Émaux et Camées, « Cærulei oculi ».2 J'aurais cru voir affaire à une sirène au sens le plus conventionnel de ce mot, car il me semblait bien que ce charmant spectre nu jusqu'à la ceinture qu'elle portait fort basse se terminait par une robe d'acier ou d'écailles (…)Aragon, le Paysan de Paris, p. 29.♦ (1694, Bossuet). Fig. Femme douée d'un dangereux pouvoir de séduction (→ Abrutissement, cit. 1; pernicieux, cit. 5).3 Vous me jugez donc très dangereuse ? Une sirène, n'est-ce pas, la sirène des anciens mélodrames qui entraîne à leur perte les vieux jeunes gens ?Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, XIV.♦ Blason. Représentation d'une sirène. ⇒ Mélusine.➪ tableau Termes de blason.2 Pathol. Monstre à membres inférieurs soudés et incurvés (en queue de poisson).———II (1820, nom donné par Cagniard de La Tour à son appareil parce qu'il émettait des sons dans l'eau). Phys. Appareil destiné à produire un son de hauteur variable et permettant de mesurer cette hauteur.➪ tableau Noms d'appareils et d'instruments de mesure.♦ (1888, Maupassant). Cour. Puissant appareil sonore destiné à produire un signal, utilisé d'abord sur les navires dans les ports (→ Hurler, cit. 16; pleurer, cit. 15; rumeur, cit. 5), parfois sur les avions, et par la suite pour divers signaux. || Sirène d'alerte, d'alarme, signalant une menace de bombardement par un son modulé du grave à l'aigu, puis au grave (→ Avion, cit. 6; lumineux, cit. 3). || Sirène d'usine, annonçant la reprise et la cessation du travail (→ Minutage, cit.). || La sirène d'une voiture de police.4 (…) la sirène de la jetée hurla tout près de lui. Sa clameur de monstre surnaturel, plus retentissante que le tonnerre, rugissement sauvage et formidable fait pour dominer les voix du vent et des vagues se répandit dans les ténèbres sur la mer invisible ensevelie sous les brouillards.Maupassant, Pierre et Jean, IV.5 C'était l'époque où il y avait continuellement des raids de gothas; l'air grésillait perpétuellement d'une vibration vigilante et sonore d'aéroplanes français. Mais parfois retentissait la sirène comme un appel déchirant de Walkure — seule musique allemande qu'on eût entendue depuis la guerre — jusqu'à l'heure où les pompiers annonçaient que l'alerte était finie (…)Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 777.➪ tableau Noms d'appareils.❖DÉR. (De II.) Siréner.————————2. sirène [siʀɛn] n. f.ÉTYM. 1808; lat. zool. siren, Linné, auquel Garden avait signalé cet animal comme doué d'une voix agréable. → Sirène.❖♦ Zool. Sorte de salamandre des marais des États-Unis, type de la famille des sirénidés. — REM. On trouve souvent la forme savante siren, le genre siren.❖DÉR. Sirénidés, siréniens.
Encyclopédie Universelle. 2012.